Fermeture du collège Badiou : ma lettre au Président du Conseil départemental de Haute-Garonne

Monsieur le Président,

 

Comme conseiller régional d’Occitanie et candidat de la France Insoumise aux élections législatives dans la circonscription concernée par l’objet de ce courrier, j’ai été saisi par les parents d’élèves, les enseignants et les habitants du quartier de la Reynerie, de la décision prise par vos services de déplacer les futurs élèves de 6ième dans des collèges dits « d’accueil » et, à plus long terme, du projet de fermeture du collège Raymond Badiou. C’est pourquoi j’ai l’honneur de m’adresser à vous, dont relève le champ de compétence de ce dossier sensible.

Les parents d’élèves, enseignants et habitants de la Reynerie contestent, non sans raisons, les arguments avancés par vos services pour justifier cette décision et ce projet. Reprenons ces arguments uns par uns.

L’absence de mixité sociale mise en avant n’est pas spécifique à ce collège : elle concerne tous les collèges REP +. Le collège étant le reflet du quartier dans lequel il se trouve, le problème n’est pas la mixité du collège mais celle du quartier. Il me semble donc que ce n’est pas en supprimant un collège que l’on peut contribuer à résoudre ce problème, bien au contraire. La disparition du collège risque de  mettre à mal une cohésion sociale qu’il a contribué à créer. L’équipe enseignante de l’établissement a développé des liens de confiance avec les parents et les

enfants. Les projets culturels et sportifs, les nombreux échanges en son sein et entre parents et professeurs témoignent de la vitalité du lien social qu’il entretient.

Les résultats au brevet des collèges seraient catastrophiques, dit-on ? Il s’est avéré que ces chiffres étaient erronés ! Les chiffres réels (70 % de réussite) correspondent à la moyenne nationale des résultats pour les enfants des catégories socioprofessionnelles scolarisées à Badiou.

Ont été également mis en avant les effectifs insuffisants, alors que le collège Raymond Badiou, le plus important établissement REP+ de Toulouse (430 élèves), a bloqué volontairement ses effectifs et refusé des inscriptions en 6e ces deux dernières années.

Beaucoup d’habitants craignent qu’une suppression du collège aboutissent à faire du quartier de la Reynerie une banlieue-dortoir pour des enfants qui iraient chercher le savoir en dehors de leur « ghetto » et le rejoindraient le soir dans la honte d’être moins bien lotis que les jeunes des beaux quartiers qu’ils ont côtoyés pendant la journée. Les habitants, les parents et les enseignants du quartier demandent la mise en place d’un groupe de travail associant tous les partenaires impliqués pour réfléchir aux moyens d’améliorer le fonctionnement du collège existant et continuer le travail entrepris de longue date.

Au-delà de la faiblesse des arguments généralement évoqués, le fait même que cette décision génère autant de débats et d’oppositions devrait être une raison suffisante pour ajourner le projet. Or la décision de fermer ces classes a été prise sans aucune consultation des enseignants ni des parents concernés. Les réunions prétendues de concertation organisées par le Conseil départemental n’ont toutes été que des réunions d’informations, où étaient présentées et jamais discutées des décisions déjà prises. L’Assemblée Parents-Enseignants-Habitants s’est mobilisée dès le mois de décembre 2016, pour proposer au Conseil départemental un moratoire sur la rentrée 2017 à Badiou et la constitution d’un groupe de travail pour améliorer la réussite des élèves. Bien que cette demande ait été appuyée par une pétition signée par plus de 600 personnes du quartier, aucune réponse n’a été apportée, pas plus que lors des autres rencontres.

En mai, de nombreux parents ont rempli les dossiers d’inscription en rayant le collège décidé par le Conseil départemental et en indiquant Badiou comme collège de secteur. Ce à quoi M. Caillaut a répondu qu’il inscrirait automatiquement leurs enfants dans le collège désigné et que si les parents n’étaient pas d’accord, ils pouvaient toujours inscrire leur enfant dans un collège privé ou lui donner un enseignement à domicile !

Deux lettres ont été écrites par le collectif pour demander la nomination d’un médiateur neutre pour arbitrer dans cette affaire. Elles sont restées sans réponse ainsi que les courriers adressés à Mme la Rectrice. Seul, M. Moudenc, maire de Toulouse,  a pris publiquement position en faveur du moratoire demandé.

Monsieur le Président, les habitants de la Reynerie ne demandent qu’à disposer d’un collège public dans leur quartier. Malheureusement la décision prise remet en cause le principe de l’accessibilité pour tous à un service public de qualité sur tout le territoire de la République.

C’est pourquoi en tant qu’élu tenant ma légitimité, comme vous, du suffrage universel, je vous demande de prendre le temps de la réflexion, et de décréter un moratoire, lors de la rentrée 2017 à Badiou, pour que tous les parents du quartier qui le souhaitent puissent y inscrire leur enfant en 6e.  Ce moratoire serait l’occasion de mettre au point un projet alternatif aboutissant, comme cela a pu être évoqué, à la construction d’un nouveau collège, dans l’attente duquel le collège Badiou devrait continuer à assurer sa mission.

 Je demande un moratoire et le maintien des élèves de 6ème au collège Raymond Badiou à la rentrée scolaire 2017.

 

Veuillez agréer, Monsieur le Président, mes salutations républicaines.

 

Liêm Hoang Ngoc

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