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Préservons l’Avenir en Commun

 

Lors de l’élection présidentielle, La France Insoumise (LFI) avait bâti son succès populaire et électoral en mettant sur pied un véritable mouvement d’éducation populaire.

L’élaboration d’un programme éco-socialiste et républicain cohérent, l’Avenir en commun et, dans son sillage, la rédaction des livrets thématiques, avaient permis au candidat Jean-Luc Mélenchon et aux orateurs nationaux de LFI de ramener vers la politique des catégories d’électeurs qui avaient déserté la vie démocratique, monopolisée par des appareils partisans devenus de simples agences de placement de professionnels de la politique et d’aspirants au métier politique.

De fait, l’électorat de Jean-Luc Mélenchon a été le plus trans-classe et le plus jeune, alors que celui de Macron était dominé par les CSP supérieures et les personnes âgées et que celui du FN fut le symétrique populaire de ce dernier.

LFI avait su mobiliser par et pour les idées dans toutes les franges de la population. Hélas, une fois les élections de 2017 passées, ses porte-paroles et élus ont été happés par la politique institutionnelle et le jeu médiatique, délaissant ce qui a fait son succès : l’action programmatique.

Une centralisation extrême du mouvement

 

Nous, orateurs nationaux, responsables de volets thématiques du programme, ancien.n.es candidat.e.s aux élections législatives, candidat.e.s démissionnaires de la liste européenne, membres de l’espace politique ou du comité électoral, militant.e.s féministes, syndicalistes et associatif.ve.s, citoyen.ne.s, observons avec regret que le travail de fond est délaissé au profit d’opérations de communication, parfois dévastatrices.

Les groupes d’action constatent que le pouvoir, au sein du mouvement, est confisqué par une équipe d’animation et un comité électoral constitués sans transparence. Les militant.e.s découvrent que des accords électoraux sont conclus sans débat, ni mandat préalables. Les organisations parties prenantes du mouvement sont mises devant le fait accompli de la suppression de l’espace politique au sein duquel elles dialoguaient fraternellement.

Cette verticalisation, assortie d’une centralisation et d’une personnalisation extrême du mouvement, contraires aux principes horizontaux annoncés, compromet la capacité de LFI à rassembler toutes les bonnes volontés, individuelles ou organisées.

En l’état, il est peu probable que LFI, qui souffre d’un grave problème de crédibilité, parvienne à briser le plafond de verre et à incarner l’alternative politique à la pensée unique. De nombreuses forces citoyennes, pour l’heure éclatées, sont pourtant disponibles. Elles finiront, à plus ou moins long terme, par œuvrer ensemble, en bonne intelligence et dans le respect mutuel, à un rassemblement des forces du peuple. Le désastre écologique qui s’annonce et l’anomie sociale qui sévit nous commandent dès à présent de faire œuvre utile.

La recomposition du paysage politique ne fait que commencer

 

Nous appelons les Insoumis.es., les militant.e.s syndicalistes, associatif.ve.s et politiques, les intellectuel.le.s et tous les citoyens et citoyennes ayant une sensibilité éco-socialiste et républicaine à se mettre en réseau pour constituer un espace de débat, « Préservons l’avenir en commun », ayant pour vocation de réfléchir aux modalités concrètes de la mise en œuvre de ce programme.

Un site (preservonslavenirencommun.fr) rendra accessibles nos contributions. Des conférences publiques seront organisées sur des sujets-clés : l’avenir de notre modèle social, l’Europe, l’égalité, les dérives de la finance, la transition écologique, le féminisme, les mouvements de population, la politique extérieure de la France, etc.

Ce travail sur le fond a pour vocation de façonner la boussole théorique et programmatique que nous mettrons à la disposition d’un « nous » politique qui ne manquera pas d’émerger, demain ou après-demain, autour d’un nouveau programme en commun.

Car la recomposition du paysage politique ne fait que commencer. Les clivages traditionnels ont volé en éclat, sous l’effet de la conversion au libéralisme économique des gouvernements qui se sont succédés depuis 1983. L’ordo-libéralisme est devenu la doctrine officielle de l’actuelle Union européenne, mise sur pied par les démocrates-chrétiens et les sociaux-démocrates, en coalition ou en alternance selon les Etats membres.

En France, La République En Marche rassemble désormais dans un même mouvement les libéraux des deux bords, issus de la gauche girondine et de la droite orléaniste. Ayant bradé son passé gaulliste, la droite s’en trouve réduite à sa portion congrue légitimiste, poreuse avec l’extrême droite poujadiste. En face, la défiance envers le PS et la marginalisation du PCF ont rendu caduque la traditionnelle stratégie d’union de la gauche.

Pour sa part, l’écologie politique, bienvenue pour traiter l’urgence environnementale, s’est compromise dans des exécutifs ayant appliqué (ou appliquant) des politiques ordo-libérales. Dans ce paysage éclaté, le peuple est orphelin d’une représentation politique à même de faire prévaloir l’intérêt général face aux méfaits écologiques et sociaux du capitalisme financier.

La possibilité d’une alternative populiste, reposant sur la coagulation, entre autres, des luttes environnementales, sociales et sociétales a été théorisée par Chantal Mouffe. Nous ne partageons cependant pas toutes les prémisses de cette analyse. En effet, le peuple en soi n’est pas une multitude désincarnée. Bien qu’éclaté dans une économie segmentée et tertiairisée, le peuple au 21ème siècle est formé à 90% par le salariat.

Le « plan A » ne saurait aboutir sans la menace crédible d’un « plan B » solidement préparé

 

Ceci contredit également l’hypothèse faite par les des promoteurs du revenu universel, qui remettent en cause la centralité du travail salarié. Tant que la durée du travail pour tous est susceptible d’être abaissée a-minima à mesure que la productivité croît, le travail peut rester le principal vecteur de l’intégration sociale et des droits sociaux qui lui attachés.

Derrière le salariat, se trouve posée la question sociale de la maîtrise du surplus engendré par le travail, qu’il convient évidemment de désaliéner. C’est pourquoi l’éco-socialisme, entendu comme la maîtrise collective par la République sociale de la production et de la répartition des richesses, en faveur du progrès social et de la réconciliation de l’être humain avec la nature, est d’une brûlante actualité, en ce siècle où les inégalités explosent et où le dérèglement climatique sévit.

Parce que le cadre actuel de la construction européenne entrave l’émergence d’une telle alternative, la renégociation des textes européens est indispensable pour en permettre l’avènement. Ce plan A ne saurait aboutir sans la menace crédible d’un plan B. Ce dernier doit par conséquent être solidement préparé et déclenché en cas d’échec des négociations.

Pour mobiliser le peuple, réclamer l’unité des gauches impliquées dans les politiques ayant entraîné ces désastres et désavouées par nos concitoyens est devenu inutile. Ces combats ne sont pas plus portés par la droite conservatrice et à l’extrême droite. Leur porosité rend néanmoins plausible l’avènement rapide au pouvoir d’un nouveau bloc réactionnaire, en l’absence de l’alternative au macronisme que LFI aurait pu incarner.

Devant la précarité et la misère sociale, nous n’avons d’autre choix que de nous engager et de nous rassembler, d’investir les rues, les urnes et de tenter de développer la conscience collective. Nous avons tous une responsabilité dans ce combat. Nous sommes tous dotés d’un potentiel de lutte, de résistance, de solidarité et de partage.

Puisse cette fraternité, au service de l’égalité, permettre au peuple de jouir enfin de la liberté.

Pour signer cet appel cliquez sur : http://preservonslavenirencommun.fr/notre-appel-version-integrale/ 

Premiers signataires :

 

André Campagne, animateur du Groupe d’Action Sud Comminges de LFI

Laurent Courtois, syndicaliste SUD-Rail, ex-candidat aux élections législatives dans la 12ème circonscription du Nord

David Garcia, ex-candidat aux élections législatives dans la sixième circonscription de l’Hérault

Ninon Gillet, militante féministe, candidate démissionnaire de la liste LFI aux élections européennes

Lilian Guelfi, étudiant, ex-membre du comité électoral

Liêm Hoang Ngoc, économiste, ancien député européen, ex-orateur national, chargé du chiffrage du programme présidentiel, ex-candidat aux élections législatives dans la 4ème circonscription de Haute-Garonne

Mehdi Kemoune, ex-secrétaire général de la CGT Air France, ex-orateur national, ex-candidat aux élections législatives dans la 15ème  circonscription de Paris

Frédéric Lebaron, chercheur en sciences sociales

Sophie Lechat, militante syndicale et associative, ex-candidate aux élections législatives dans la 8ème circonscription de Haute-Garonne

Marie-Anne Nedyj, ex membre du comité électoral

Frédéric Pierru, chercheur en sciences sociales, ex-orateur national, rédacteur du livret Santé

Olivier Spinelli, ex-membre  du comité électoral et de l’espace politique, ex-candidat aux élections législatives dans la 5ème circonscription de la Somme

Dominique Théo, ex-tête de liste départementale de la Somme aux élections régionales dans les Hauts de France

Damien Thomas, directeur des Rencontres pour une culture populaire de Bordeauxanimateur du groupe d’action des Insoumis du centre-ville de Bordeaux, contributeur au livret Culture

Joël Villain, ex-président de l’Assurance Mutuelle des Motards, contributeur au livret Education.